Suite à ses succès depuis 2018 dans les appels d’offre de 15 SMURH français et d’un belge, l’opérateur savoyard SAF Hélicoptères a commandé six H145 D3 à Airbus Helicopter pour en équiper les bases les plus importantes. (cf article du 16 juin)
Pour les appareils destinés à l’Hexagone, le Groupe SAF se doit de qualifier si besoin, les pilotes et mécaniciens qu’il fournit dans le cadre de ses contrats de mise à disposition d’un hélicoptère opérationnel en permanence.
Sa filiale dédiée à la formation : SAF Training Academy, a donc ajouté les formations EC/H145 versions C2 et D3 à son catalogue en obtenant une mise à jour de son agrément ATO (Centre de formation pilotes)
Pour ces nouvelles machines, tous les cours des différents types et cursus de Qualification de type (QT) ont dû être créés de toutes pièces, soit 11 programmes différents selon les cursus. Une mise à jour du Manex a également dû être éditée pour prendre en compte les aéronef complexes (NCC), le H145 ayant une masse max > 3175 kg.
Au vu des enjeux, la DSAC Centre-Est a traité les demandes d’évolutions en à peine quelques semaines et a pu délivrer sa certification à la mi-août. Il a aussi fallu intégrer des instructeurs avant de pouvoir accueillir des pilotes à qualifier sur le biturbine classe 4 tonnes.
Les pilotes, qu’ils soient déjà multimoteur ou pas, ont 62 heures de théorie à faire en 2 semaines avec un test à l’issue avant de pouvoir commencer la pratique. Cela comprend 30 h de cours sur l’appareil, 12 h sur l’avionique Helionix, 6 h sur le pilote automatique 4 axes dernière génération, 5 h sur le GPS Garmin GTN750 et 6 h de procédures Cat A. (Vol en conditions dégradées)
Pour la pratique, le nombre d’heures varie si le pilote est déjà biturbine et s’il a accès au simulateur ou pas. Cela fait 4 cursus différents et bien entendu pour chaque variante appareil ! Dans le cas présent, tous les pilotes sont déjà multimoteur et sont allés sur simulateur en Allemagne. Ils y ont fait 4 h de vol et doivent faire 4 h à Albertville sur le nouveau D3 + 2 h spécifiques de procédures Cat A + leur vol de test (sur une semaine). Sans simulateur, ils auraient dû faire 8 h sur le D3 + toujours les 2 h Cat A + le test.
On voit bien l’intérêt économique et surtout environnemental des heures de simulateurs qui dans ce cas équivalent à 100% d’une heure réelle. (C’est plutôt moins en général). Le simulateur, tout en offrant un contenu pédagogique identique, permet de limiter l’impact des heures de formations et leurs nuisances sonores inhérentes.
J’ai pu passer une journée sur le tarmac de l’aérodrome d’Albertville avec les 3 premiers pilotes, 2 hommes et une femme, qui ont étrenné le magnifique H145 D3 F-HNOR qui leur est destiné à partir de début octobre au CHU de Lille. Ils étaient encadrés par Philippe SEBAH, TRI/TRE, tout récemment retraité de la Gendarmerie et par Jean Michel Amouroux, TRI, ancien pilote militaire qui se sont relayés toute la journée pour faire voler les 3 heureux élus.
L’équipage partait pour environ 1h30 à chaque fois en limitant les exercices sur place principalement aux autorotations pour des raisons de sécurité et pour limiter au maximum les nuisances autour du terrain. Le spectacle de ces exercices de panne complète ne manquait pas d’intérêt, étant rare sur ce type d’appareil. Certains opérateurs et non des moindres comme la Sécurité Civile n’en effectue d’ailleurs jamais, eu égard de la probabilité considérée quasi nulle d’avoir les 2 turbines en panne simultanée et des performances conservées avec une seule en fonction. (Et aussi des risques toujours inhérents à ce type d’exercice avec des appareils de plusieurs M€).
A leur retour de vol, les pilotes avaient tous le sourire et étaient unanimes : Fabuleuse machine ! Il faut dire qu’à deux seulement à bord et le cargo entièrement vide, ça devait grimper fort avec les deux turbines Ariel 2E de 894 cv !
Le D3 pèse 1895 kg et peut emmener 1905 kg en charge utile au maximum, soit 3800 kg de masse maximale au décollage (MTOW). Sa vitesse de croisière est de 130 kt. Sa consommation est entre 240 et 300 l/h. Son réservoir est de 900 l.
La base de Lille va se démarquer avec cet appareil dernier modèle, mais aussi en étant la première à intégrer 2 femmes pilotes, dont la cheffe de base.
Merci à tout le staff SAF Hélicoptère et SAF Training Academy pour son accueil, en particulier à Philippe Sebah (CFI adjoint H145), Jean Michel Amouroux et Pierre Ligneau (CTKI).
Merci également aux pilotes Frédérique Cailleau (Future Cheffe de base Lille) et Edouard Parmentelat (33 ans, plus jeune pilote SMURH de France) pour leur disponibilité et leurs informations.
** INFO ATO COURS THEORIQUES **
l’ATO du SAF ouvre une session de cours théoriques ATPL-H du 27 sept 2021 à juin 2022 et l’ouvre à toute personne qui le prépare en individuel pour suivre un ou plusieurs modules à des conditions intéressantes. Contact : saftraining@saf-helico.com